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L'inspirante ascension du Kilimanjaro

Arrivés au sommet du Kilimanjaro, Nathalie et Alexandre arborent la photo d'un groupe d'élèves de l'école Eymard.
Arrivés au sommet du Kilimanjaro, Nathalie et Alexandre arborent la photo d'un groupe d'élèves de l'école Eymard.

22 novembre 2007

Diane Bergeron

Le rêve est un moteur extraordinaire. Lorsqu'on le voit à l'œuvre chez des êtres en chair et en os, il devient contagieux. Le rêve de Nathalie Bilodeau et de son fils Alexandre Bilodeau-Desbiens de grimper le Kilimanjaro a ainsi «contaminé» les élèves de toute une école primaire. Et il menace d'atteindre leurs parents au cours des prochains mois.

Chargée de cours à la Faculté d'éducation physique et sportive et férue de randonnée en montagne, Nathalie Bilodeau a transmis sa piqûre pour le Kilimanjaro à Alexandre alors qu'il était encore tout jeune. «J'ai toujours été attirée par l'Afrique, confie Nathalie Bilodeau. Comme nous avons fait beaucoup de montagne en famille, l'ascension du Kilimanjaro ralliait nos goûts. Au fil des ans, cette idée est devenue notre rêve à nous.»

En 2005, maman et fiston ont fait le tour de la Gaspésie en cyclotourisme. C'était l'occasion de vérifier si le garçon de 15 ans pouvait entreprendre une expédition d'envergure. L'expérience ayant été concluante, le tandem a commencé à envisager la grande aventure.

Un rêve partagé

Pour aider au financement de leur voyage, Nathalie et Alexandre se sont associés à la Société d'arthrite du Québec, pour laquelle ils ont organisé plusieurs activités de collecte de fonds. Cela ajoutait un sens à leur périple, puisque les deux parents de Nathalie souffrent d'arthrite. Leur désir de partager leur rêve n'était pourtant pas assouvi. Loin de là.

«Je relevais un défi important avec mon fils. Je voulais que notre expérience serve d'exemple pour favoriser la pratique d'activités physiques parent-enfant», raconte Nathalie Bilodeau. Cherchant une école avec laquelle s'associer, elle a consulté un spécialiste de l'intervention éducative en la personne de Sylvain Turcotte, professeur à la Faculté d'éducation physique et sportive.

L'aspect familial du projet n'était surtout pas à négliger pour le professeur Turcotte. «Chez les enfants, l'adoption à long terme de saines habitudes de vie passe par le milieu familial. Si on n'implique pas les parents, nos interventions demeurent ponctuelles.»

Le professeur Turcotte a pressenti Julie Cayer, professeure d'éducation physique à l'école primaire Eymard. Ensemble, ils ont développé des activités qui font le lien entre l'expérience de Nathalie et Alexandre et les défis que les enfants peuvent relever au gymnase ou à l'extérieur.

Le Kilimanjaro des élèves de l'école Eymard

Chaque année, Julie Cayer développe une thématique pour motiver ses élèves à se dépasser physiquement tout au long de l'année. «Notre thématique 2007-2008 sera Je monte MON Kilimanjaro, dit l'enseignante, qui est aussi chargée de cours à la Faculté d'éducation physique et sportive. Chaque défi physique relevé représentera quelques centaines de mètres du Kilimanjaro personnel de mes élèves.» Quant aux parents, les enfants leur lanceront un défi plus tard au cours de l'année : monter une montagne avec eux, à l'instar de Nathalie et Alexandre.

Les élèves de 5e et 6e année de l'école Eymard ont pu rencontrer les deux randonneurs neuf jours avant leur départ pour la Tanzanie. Le 2 octobre, Nathalie et Alexandre leur ont parlé du défi qu'ils allaient entreprendre et de la préparation physique qu'une telle expédition exigeait. Ils leur ont demandé de les encourager en leur envoyant des messages qu'ils pourraient lire grâce à un téléphone satellite.

«Nathalie a montré aux élèves une illustration à l'échelle de l'école Eymard, qui fait à peu près 20 m, aux côtés du Kilimanjaro, qui atteint 5895 m, relate Julie Cayer. Ils étaient hyper impressionnés par l'ampleur du projet. Et le fait qu'un jeune de 17 ans fasse cette ascension rendait un tel défi plus accessible pour eux.» Alexandre a bien assumé son rôle de modèle : «Je trouvais ça stimulant de montrer à des jeunes que c'est possible de réaliser ses rêves. Je voulais aussi qu'ils sachent que ça ne tombe pas du ciel.»

Cette visite a créé une source de motivation très forte chez les élèves. Julie Cayer a donc décidé d'étendre la thématique du Kilimanjaro à tous les groupes de son école et d'inviter Nathalie et Alexandre après l'expédition pour qu'ils racontent leur aventure à tous les élèves. Ceux-ci vont même accompagner les enfants et les parents lors de l'ascension de la montagne que ceux-ci feront en mai, à l'occasion du mois de l'activité physique.

Se donner un Kilimanjaro

Le 20 octobre à 7 h 20, Nathalie et Alexandre atteignaient le sommet du Kilimanjaro. Ils portaient avec eux des dizaines de garçons et de filles qui avaient pris leur devoir d'encouragement au sérieux en envoyant des messages aux randonneurs. Des messages qui démontrent bien l'effet que la mère et le fils ont eu sur les jeunes esprits. «J'aimerais faire comme eux parce que mon activité préférée en famille, c'est de monter des montagnes», déclare Camille Goulet, élève de 4année.

Nathalie et Alexandre ont bien savouré leur victoire. «Je ne pensais pas que ce serait si dur, mais je ne pensais pas non plus que ce serait si extra en haut. Tout le temps que nous avons passé au sommet, c'est le moment de ma vie où j'ai le plus goûté le moment présent», témoigne Alexandre.

De cette expérience, Nathalie retire plus de confiance en ses moyens. Alexandre, lui, rêve déjà à ses futurs voyages dans des pays lointains. Le Kilimanjaro a amené plus loin la mère et le fils. Et, par ricochet, les élèves de l'école Eymard.

Peu importe le Kilimanjaro qu'on choisit de se donner, un rêve partagé et une expérience de dépassement de soi demeurent de grandes sources d'accomplissement. Et comme Alexandre le dit si bien : «Si tu veux, tu peux! Point final.»